Nous savons dès l’enfance que le roman ne dit pas la vérité : il invente des histoires et des personnages, déforme la réalité, compose avec les faits. Mais qu’il soit un mensonge ne nous empêche pas de le lire et même d’y prendre du plaisir. La fiction romanesque opère ainsi un glissement du mensonge vers la magie : elle déforme le monde pour le réenchanter et transforme son lecteur en spectateur émerveillé devant un numéro de prestidigitation.

Inégalités et réussite scolaire, mixité sociale, insertion des jeunes, citoyenneté et laïcité, définition des programmes, rôles des parents, évolution du métier d’enseignant … pèle mêle, voici quelques thèmes sur l’école qui sont de véritables maroniers médiatiques, qui sont souvent au cœur du débat politique, et qui enflamment parfois les repas familiaux !
Pourquoi cette centralité ? Parce que l’école est au cœur du projet républicain … et parce que chacun·e en a une expérience sensible l’autorisant à avoir un point de vue sur la question. Pour utiliser la métaphore footballistique, on considère souvent que la France à 60 millions de sélectionneurs de l’équipe de France de football, raison pour laquelle les débats sur les performances de cette équipe nationale sont passionnés. Elle a également 60 millions de ministre de l’Éducation nationale !
Malheureusement, comme dans bien des cas, ces débats, essentiels, ne sont pas toujours très apaisés et surtout les discours peuvent souvent laissés la place à des lieux communs.
Or, un champ entier de la sociologie est spécialisé dans l’étude du fait social scolaire, c’est la sociologie de l’école. Depuis Emile Durkheim au XIXème siècle mais plus encore depuis les années 1960, la sociologie s’est intéressée à l’école comme une institution, c’est-à-dire un espace de positions sociales à l’intérieur duquel s’accomplissent des fonctions sociales et s’expriment des acteurs.

Sans refaire l’histoire de la sociologie de l’école, cette conférence reviendra rapidement aux travaux fondateurs (en particulier en France) de Passeron, Bourdieu, Boudon, Beaudelot, Establet, … afin de préciser l’objet de la sociologie de l’école.

Surtout, elle proposera une présentation de travaux contemporains qui nous éclairent sur certaines des questions qui sont aujourd’hui au cœur des débats sur l’école :

-       Pourquoi le lien entre position sociale et performance scolaire est-il toujours aussi fort en France ?
-       Comment lutter contre la baisse du niveau scolaire des élèves ? Et d’abord, ce niveau baisse-t-il vraiment ?
-       Les groupes de niveaux sont-ils une réponse pédagogique adaptée à l’hétérogénéité des élèves ?
-       Une tenue commune pour les élèves permet-elle d’atténuer les inégalités sociales au sein de l’école ?
Quatre sujets (avec quelques autres) qui reviennent régulièrement au premier plan des préoccupations politiques et médiatiques, et ce d’autant que le rythme de rotation des Ministres de l’éducation nationale est élevé …

En proposant une relecture de travaux récents en sociologie de l’école, cette conférence tentera d’apporter quelques éléments pour éclairer ces débats

Bibliographie indicative :

Hervé BERNARD, Adèle MONTI, Osons l’école : Plaidoyer pour une école audacieuse, EUD, 2019, Dijon
Raymond BOUDON, L’inégalités des chances, 1973, Colin, Paris
Pierre BOURDIEU, Jean Clause PASSERON, Les héritiers, 1964, Editions de Minuit, Paris
Pierre BOURDIEU, Jean Claude PASSERON, La Reproduction, 1970, Editions de Minuit, Paris
Christian BAUDELOT, Roger ESTABLET, L’école capitaliste en France, 1971, Maspero, Paris
François DUBET, La place et les chances, repenser la justice sociale, 2010, Seuil, Paris
François DUBET, Marie DURU-BELLAT, 10 Propositions pour changer l’école, 2015, Seuil, Paris
François DUBET, Marie DURU-BELLAT, L’école peut-elle sauver la démocratie ?, 2020, Seuil, Paris
Marie DURU-BELLAT, L’inflation scolaire, les désillusions de la méritocratie, 2006, Seuil, Paris

Le harcèlement fait régulièrement et tristement la une de l’actualité quand une jeune victime en vient au suicide. Aucune société ne peut tolérer de telles pertes ! 700 000 jeunes seraient concernés, dont 380 000 de façon sévère.

Depuis l’avènement des réseaux sociaux, les victimes n’ont plus d’espace de liberté puisque le harcèlement se poursuit à la maison par écran interposé. En 2021, 40% des élèves du primaire avaient un compte ; ce chiffre est passé à 86% en 2023 !

Qu’est-ce qui sous-tend le harcèlement ? Quelles en sont les conséquences à court, moyen et long terme ? Quels signes peuvent alerter les parents puisque c’est souvent la loi du silence qui domine ? Quelle est la position de l’Education nationale ? Comment prévenir (de préférence) et agir si la prévention a échoué ?

Autant de questions auxquelles cette conférence essaiera de répondre.